21-12-2022

Réflexions BC2

Les défis de la résilience territoriale

Chapitres

Alors que les territoires sont de plus en plus vulnérables face aux risques d’ordre climatiques, économiques, sanitaires et sociaux, des interrogations s’imposent : face à ces bouleversements, quel rôle avons-nous en tant qu’experts en aménagement du territoire? Dans ce contexte d’incertitudes, comment pouvons-nous favoriser la création de milieux de vie pérennes? Les Réflexions BC2 se penchent sur ces questions en offrant un regard sur les défis de la résilience territoriale pour la pratique en aménagement et en urbanisme.

Les impacts des changements climatiques soulèvent de nombreuses interrogations sur la pérennité de nos milieux de vie. La notion de résilience est souvent mobilisée pour guider l’action publique dans un cadre changeant, au caractère incertain.

La résilience fait référence à la capacité des communautés à s’adapter à des perturbations sévères. D’abord popularisée en contexte urbain, cette notion peut être opérationnelle dans de multiples contextes. Elle peut servir de levier à la prévention de crises complexes et à la planification des futurs territoriaux.
Malgré les nombreux défis que pose son application, cette approche met en lumière l’importance d’un accompagnement intégré et interdisciplinaire pour l’aménagement des territoires.

Qu’est-ce que la résilience territoriale ?

Empruntée à l’écologie, la notion de résilience s’est ajoutée à la gamme des outils d’analyse et de prévention des risques naturels et liés aux activités humaines.

L’approche en termes de résilience souligne la complexité des situations. Elle vise aussi la recherche de solutions aux vulnérabilités sur une base pragmatique et partagée, même si ces propositions sont parfois limitées et précaires.

La résilience territoriale, quant à elle, met l’accent sur le potentiel d’un espace dans lequel des communautés vivent au quotidien. Pour mieux se préparer aux crises, les résidents d’un territoire résilient anticipent, réagissent et s’adaptent. Des ressources existantes sont mobilisées et de nouvelles ressources sont inventées pour s’insérer favorablement dans un environnement changeant.

Les enjeux de mise en œuvre de la résilience territoriale

Les métiers de l’aménagement, de la planification et de l’urbanisme jouent un rôle important dans la résilience territoriale. De fait, les outils de planification et d’aménagement orientés vers la résilience devraient permettre aux communautés d’améliorer la capacité de leurs milieux de vie à rester fonctionnels face à des crises aux dimensions multiples : économique, démographique, sanitaire, écologique, climatique, etc.

Les acteurs du territoire devraient être outillés pour mieux ses forces et ses faiblesses. La robustesse d’un territoire s’appuie, entre autres, sur des interactions sociales riches ainsi que sur sa capacité à répondre à plusieurs situations (polyvalence).

Cependant, la mise en œuvre de la résilience territoriale comporte plusieurs défis :

  • Les effets de cadrage spatial : Les experts en aménagement et en urbanisme travaillent dans les limites de territoires administratifs (municipalité, MRC, province, etc.) dont les frontières ne coïncident pas toujours avec celles des systèmes considérés (naturels, sociaux, économiques, etc.). Cette situation est d’autant plus vraie dans un contexte de mondialisation, où des réseaux de grande ampleur (pouvoir, information, etc.) se superposent aux espaces de la prise de décision. Les solidarités entre les territoires peuvent contribuer à la résilience, mais supposent de tenir compte d’autres échelles d’action.
  • Les effets de cadrage temporel : les experts en aménagement et en urbanisme travaillent dans des horizons temporels plus courts que ceux de la production de données et de la prise de décision. Certaines situations dynamiques, comme les changements climatiques ou démographiques, requièrent la mise en place d’un cycle adaptatif, avec une intégration continue de nouvelles informations, pour que les recommandations restent pertinentes sur le long terme.
  • Les pratiques de l’aménagement : une bonne partie des outils d’aide à la prise de décision partent du principe que les situations de crise puissent être résolues – et la résilience accrue – par l’application de bonnes ou de meilleures pratiques. Cependant, l’incertitude (climatique, démographique, économique, etc.) laisse plutôt place à des environnements complexes ou chaotiques. Des pratiques émergentes ou nouvelles sont observées. Il est important de s’interroger sur la pertinence des outils disponibles, et sur la nécessité d’innover.
  • Les outils de l’aménagement : l’évolution des outils de l’aménagement et de l’urbanisme, comme la réglementation, assurent un encadrement de long terme au territoire. Cependant, ils évoluent lentement, ce qui les rend peu ou moins adéquats face à des problématiques qui évoluent rapidement. Des stratégies doivent être mises en place pour tirer parti des outils existants, dans un contexte de dialogue entre les expertises et les parties prenantes.
  • Rétroaction et prospective : L’analyse de la résilience des projets en aménagement et en urbanisme constitue encore un chantier important. L’identification de critères de résilience avant l’exposition du territoire à une crise est un enjeu. Souvent, sa robustesse effective ne peut être mesurée que durant ou après une perturbation sévère. La rétroaction sur les crises du passé ou la projection dans le futur par l’entremise de scénarios peuvent soutenir la résilience des projets.

La résilience territoriale présente donc d’importants défis pour la pratique en aménagement et en urbanisme. Des stratégies variées peuvent toutefois être mises en œuvre pour améliorer la prise de décision dans un contexte de dialogue et d’intégration multidisciplinaire. Dans les prochaines publications des Réflexions BC2, nos experts tenteront de décortiquer la résilience territoriale en partageant ses recherches, idées et outils en lien avec les défis qui nous attendent.